Les frontaliers français qui travaillent en Suisse sont nombreux à se rendre quotidiennement dans le canton de Genève. Selon les données de l’Office cantonal de la statistique, en 2020, 78% des 115’300 pendulaires français se rendaient au travail en voiture. Ce chiffre peut sembler élevé, mais il faut le mettre en contexte. En effet, en 2014, la proportion de frontaliers utilisant la voiture était de 80,4%, soit trois points de plus qu’en 2020. Il y a donc une évolution positive, bien que le taux actuel reste préoccupant.
Le canton de Genève est très attractif pour les frontaliers français, notamment en raison des nombreux emplois disponibles dans des secteurs tels que les hôpitaux, la restauration et les banques. Cependant, cette dépendance à la voiture s’explique en partie par le manque d’offre de transports en commun dans certaines régions de France voisine. En dehors de l’agglomération annemassienne, de Ferney et de Saint-Julien, une partie importante du Grand Genève est mal desservie. Par exemple, le Pays de Gex manque de liaisons rapides avec la Suisse, à l’exception de Thoiry.
Le chercheur Vincent Kaufmann, spécialisé dans la mobilité, souligne également que de nombreux frontaliers français vivent dans des maisons individuelles éloignées les unes des autres, ce qui rend difficile la mise en place de transports publics efficaces. Pour une grande partie de cette population, l’utilisation de la voiture est donc imposée par le manque d’infrastructures adaptées.
Cependant, il existe des solutions pour encourager le transfert modal vers les transports en commun. Vincent Kaufmann suggère par exemple la création de bus express, sur le modèle de ceux reliant Marseille à Aix-en-Provence. Cela permettrait de proposer des alternatives rapides et efficaces aux frontaliers qui se rendent en Suisse.
Il est également intéressant de noter que les frontaliers se rendant dans le canton de Vaud sont plus enclins à utiliser les transports en commun. Les distances à parcourir sont plus longues que pour ceux qui se rendent à Genève, ce qui peut dissuader l’utilisation de la voiture. De plus, les services ferroviaires sont bien développés dans tout le canton de Vaud.
Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour améliorer l’offre de transports en commun dans les régions françaises proches de la Suisse. Cela pourrait non seulement réduire la dépendance à la voiture, mais aussi contribuer à la diminution des embouteillages et de la pollution. Cependant, il est important de rester pragmatique et de prendre en compte les contraintes financières et les délais de construction nécessaires pour mettre en place de nouvelles infrastructures.
Bien que le taux de frontaliers utilisant la voiture pour se rendre au travail en Suisse ait légèrement diminué ces dernières années, il reste encore beaucoup à faire pour encourager le transfert modal vers les transports en commun. Le manque d’infrastructures adaptées et le développement de l’étalement urbain sont des obstacles à surmonter. Cependant, des solutions telles que la création de bus express peuvent être mises en place rapidement et offrir des alternatives efficaces aux frontaliers. Il est essentiel d’investir dans les transports en commun pour faciliter les déplacements transfrontaliers et améliorer la qualité de vie des travailleurs frontaliers.