Popularisé par la crise sanitaire, le télétravail est toujours une réalité pour bon nombre de salariés au Luxembourg, selon les dernières données du Statec. Entre le seuil social et le seuil fiscal, le télétravail des travailleurs frontaliers du Luxembourg a régulièrement fait parler de lui ces derniers mois. Mais quid des résidents luxembourgeois qui travaillent depuis chez eux? Au second trimestre 2020, le travail à distance avait enregistré un véritable pic, avec 52% des résidents indiquant télétravailler, contre seulement 26% lors du trimestre précédent. Deux ans plus tard, les télétravailleurs sont moins nombreux au Luxembourg, mais la crise sanitaire semble avoir donné un véritable élan à la pratique, selon les dernières données publiées par le Statec. Ainsi, au second trimestre 2023, 32% des résidents ont pratiqué du télétravail, soit 1% de moins que lors du premier trimestre de l’année. Le phénomène semble ainsi s’être stabilisé « à un niveau élevé, environ deux fois supérieur à celui d’avant la pandémie », notent les statisticiens. Lorsque l’on se penche sur le nombre d’heures télétravaillées par semaine, on remarque qu’un grand nombre d’employés travaillaient depuis chez eux à temps complet en 2020 (entre 50 et 58%) et en 2021 (30 à 50%). En 2023 en revanche, ce taux tombe à 9%, tandis que 43% des résidents ont indiqué télétravailler deux à trois jours par semaine. Là aussi, la pandémie a influé sur le comportement des travailleurs. Et si seulement 10% des employés ont presté moins d’une journée de télétravail par semaine en 2023, ils étaient encore 40% avant la crise sanitaire, ce qui souligne l’essor de la pratique.
Différents facteurs
Un essor par rapport à la situation pré-pandémique est tout de même à nuancer. La branche d’activité du salarié conditionne logiquement son recours au télétravail. Ainsi, si les activités extraterritoriales (80% de télétravail), les activités financières et d’assurances (72%), et les activités d’information et de communication (68%) se prêtent particulièrement au travail à distance, ce n’est pas le cas des secteurs de l’horeca, de la santé ou du transport. Les secteurs comptant le plus grand nombre d’employés de bureau, aussi appelés cols blancs, ont donc connu la plus forte croissance du phénomène de télétravail pendant la pandémie. Dans ce contexte, l’administration publique se démarque particulièrement, le pourcentage de recours au télétravail ayant plus que quadruplé en son sein, à l’image de la branche des activités financières et d’assurance. La disparité du recours au travail à distance se vérifie également selon la hiérarchie du télétravailleur. Si les travailleurs cols blancs qualifiés sont encore 57% à travailler fréquemment à distance en 2023, seul 25% des professionnels intermédiaires et 11% des cols blancs y ont recours. Les travailleurs exerçant une profession manuelle, appelés cols bleus, sont 1 à 3% à avoir recours au télétravail.
Quatrième à l’échelle européenne
Les cols bleus ont par ailleurs constaté une absence d’essor du télétravail pendant la pandémie, le recours au travail à distance diminuant, même, en 2020. « Cet écart est lié à l’éducation, ou plus particulièrement aux tâches et compétences numériques utilisées dans le cadre professionnel », indique le Statec, qui rappelle par ailleurs que 47% des travailleurs utilisent des compétences numériques au Luxembourg. Alors que le phénomène du travail à distance semble s’être stabilisé au Grand-Duché, ce dernier reste parmi les premiers du classement en matière de travail à domicile à travers l’Europe. Figurant dans le top 3 européen en matière de travail à distance en 2020 et 2021, le Luxembourg est devancé en 2022 par les Pays-Bas (53% de télétravailleurs), la Suède (45%) et la Norvège (42%). A l’échelle du Vieux continent, seuls 5% des actifs pratiquaient régulièrement le télétravail en 2019. Un taux qui s’est envolé pour atteindre 13% en 2021 pour redescendre à 10% en 2020. Certains pays se démarquent de cette tendance, à l’instar de la Finlande qui n’a pas connu de réduction de la part de télétravailleurs depuis 2020.